IR Notes 113 - 13 février 2019
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  Une question à….
Fernando Vasquez, Ancien fonctionnaire européen à la DG Emploi et Affaires sociales de la Commission européenne

Vous avez créé récemment un groupe Facebook pour débattre de l’avenir de l’Union européenne. Pourquoi ?
Les trois membres fondateurs de ce nouveau forum ont été, pendant de longues années, fonctionnaires au sein des institutions européennes et ont pu accompagner de très près les périodes les plus enthousiastes de la construction européenne. Ils peuvent aussi témoigner d’un déclin rapide qui s’est déclenché il y a quinze ans et qui s’est aggravé ces dernières années. Nous craignons aujourd’hui, à la lumière des plus récents événements, l’écroulement d’un projet de paix, de prospérité et de solidarité qui était en construction depuis les traités fondateurs. Cette initiative a un but précis: être une tribune ouverte à tous ceux qui désirent s’exprimer sur les grandeurs et/ou les petitesses de l’UE afin de retrouver un sens et un avenir à une construction tant de fois perçue comme technocratique, probablement peu ou pas du tout démocratique, insouciante des préoccupations sociales et visiblement soumise à d’obscurs intérêts politiques, économiques et financiers. Ce forum avec près de 700 membres en un mois et 3000 posts ou commentaires est ouvert à tous, et les contributions peuvent être rédigées en portugais, espagnol, français ou anglais.
> Lien vers le groupe « L’enlèvement d’Europa »

 
  Agenda

 


14 et 15 février
Bruxelles
Conférence annuelle EWPCC 2019, organisée par l’Institut syndical européen sur le thème : « Comment faire respecter les droits des GSN, des comités européens d’entreprise et des comités européens des SE », avec la participation de plusieurs avocats.


26 et 27 février
Paris
Colloque organisé par la Chaire Etat social et mondialisation du Collège de France, intitulé « Le travail au XXIème siècle : Droit, techniques, écoumène », avec notamment une table ronde sur le révolution numérique.


15 mars
Bruxelles
Conseil Emploi et politique sociale


21 mars
Paris
Les Débats d'EUROGIP sur le thème "Santé-sécurité au travail : quels leviers en Europe pour une culture de prévention en entreprise ?".  La conférence permettra de faire le point sur les approches en la matière aux plans international, national et sectoriel, sur l'accompagnement que proposent les assureurs en charge des accidents du travail et des maladies professionnelles en Allemagne, Autriche, Italie, France et au Danemark et sur les référentiels de management de la santé et de la sécurité au travail.


21 et 22 mars
Londres
Séminaire germano-britannique sur les CE européens, organisé par la EWC Academy,  avec Catherine Sarah Barnard, professeur de droit du travail à l’université de Cambridge et Stephen Redmond, président du Central Arbitration Committee (CAC).


2 avril
Paris
La CFDT Construction et Bois organise une rencontre débat sur le thème « Citoyen et syndicaliste : 2 voix pour agir pour l'Europe » en présence de Pascal Lamy (Institut Jacques Delors), Marcel Grignard (Confrontations Europe), Werner Buelen (FETBB), Sylvain Lefebvre (IndustriAll Europe) et Laurent Berger (CFDT).


4 avril
Varsovie
Troisième séminaire du projet « European Metal Workers participation : State of play and best practices on the edge », piloté par la FGMM-CFDT avec l’appui de Syndex et de douze fédérations syndicales de pays de l’UE, sur l’effectivité de la consultation du CE européen. Contact : caroline.blot@fgmm.cfdt.fr

 
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IR Notes est une lettre d'information diffusée tous les 15 jours, disponible en plusieurs langues européennes (allemand, anglais, espagnol, français, italien) et réalisée par IR Share et son réseau d’experts. Elle propose une veille européenne sur le droit du travail, les relations sociales et la politique de l’emploi. Elle est en vente sur abonnement pour un montant de 18 euros HT par mois sur le site IR Share.


L’équipe : ce numéro a été préparé par Catarina Carvalho et Frédéric Turlan.
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IR Share est une entreprise à capitaux privés, indépendante et apolitique, dont l'objectif est d'informer et d'aider l'ensemble des acteurs du dialogue social en Europe et au-delà. Elle est le correspondant de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound) pour la France depuis 2009.

 

À la Une
Vers l’adoption de la directive sur le travail prévisible et transparent

Le Conseil et le Parlement européens sont parvenus à un accord provisoire sur la directive visant à rendre les conditions de travail plus transparentes et prévisibles. L'accord doit maintenant être approuvé définitivement par le Conseil et le Parlement, ce qui ouvrira la voie à la publication de la directive au JOUE. Ce texte, qui abrogera la directive 91/533 du 14 octobre 1991 relative à l'obligation de l'employeur d'informer le travailleur des conditions applicables au contrat ou à la relation de travail, exigera des employeurs qu'ils informent les travailleurs sur une partie des aspects essentiels de la relation de travail entre le premier jour et le septième jour de travail au lieu de deux mois selon la directive 91/533. Outre les informations déjà exigées par cette directive, l’employeur devra aussi, lorsque le rythme de travail est totalement ou en grande partie imprévisible, informer les travailleurs des heures et jours de référence pendant lesquels ils peuvent être tenus de travailler, de la période minimale de préavis qu'ils doivent recevoir avant le début du travail et du montant des heures rémunérées garanties. L'accord provisoire fixe un certain nombre d'autres droits minimaux comme : 1° d’accepter un emploi en parallèle avec un autre employeur ; 2° de bénéficier, en principe, d’une période d'essai d’un maximum de six mois ; 3° de demander, après au moins six mois d’ancienneté chez le même employeur, un emploi offrant des conditions de travail plus prévisibles et plus sûres. Selon l'accord, toutes les personnes qui travaillent plus de trois heures par semaine pendant quatre semaines (c'est-à-dire plus de 12 heures par mois) doivent être couvertes par la directive. Ce qui est bien plus favorable que la position initiale des États membres qui entendaient exclure les travailleurs effectuant moins de 20 heures par semaine. Cependant, comme le regrette la Confédération européenne des syndicats (CES), le texte exclut les travailleurs du secteur public, des services d’urgence, des forces armées, de la police ou encore des marins.
> Pour en savoir plus :
Factsheet à jour de la Commission, Factsheet du Parlement de octobre 2018, communiqué du Conseil, du Parlement européen, de la Commission et de la CES.


1. Union européenne
Législation

Révision de la directive « agents cancérigènes ou mutagènes » : Publication de la directive 2019/130 du 16 janvier 2019 portant modification de la directive 2004/37 concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à l'exposition à des agents cancérigènes ou mutagènes au travail qui introduit six nouvelles valeurs limites d’exposition pour des substances cancérogènes, notamment les émissions des moteurs diesel (v. commentaire de l’Institut syndical européen). Par ailleurs, le Conseil et le Parlement sont parvenus à un accord provisoire, le 29 janvier, sur une troisième révision de la directive qui vise à réduire l’exposition des travailleurs à cinq agents chimiques cancérigènes. L’accord va maintenant être soumis à l’approbation formelle du Conseil et du Parlement, avant la publication de la directive au JOUE (v. communiqué du Conseil)


Actualité sociale

  • Détachement de travailleurs : la Fédération européenne des travailleurs du bâtiment et du bois (FETBB) a présenté, le 1er février, une plainte à la Commission européenne contre la Slovénie pour l’octroi d’aides d’État illégales à leurs entreprises lorsqu’elles détachent des travailleurs (v. communiqué).


Dialogue social

Programme de travail : les partenaires sociaux européens ont présenté, le 6 février, leur sixième programme de travail autonome pour la période 2019-2021. Ce document aborde six priorités : 1° La numérisation. 2° L’amélioration de la performance des marchés du travail et des systèmes sociaux. 3° Les compétences. 4° La prise en compte des aspects psychosociaux et des risques au travail. 5° Le renforcement des capacités pour un dialogue social renforcé. 6° L’économie circulaire. Sur la numérisation, un séminaire de travail abordera l’acquisition des compétences numériques ou les « modalités de connexion ou de déconnexion », avant le lancement d’une négociation d’accord-cadre autonome, le seul prévu à leur programme (v. communiqué de la CES et de BusinessEurope). Concernant les risques psychosociaux – déjà abordé dans leurs accords-cadres sur le stress sur le lieu de travail (2004) la violence et le harcèlement au travail (2007) – un séminaire sera organisé afin « de parvenir à des conclusions communes » et d’identifier d’autres actions conjointes possibles.


Jurisprudence

Décompte du temps de travail : dans une affaire espagnole, l’avocat général de la Cour de justice de l’UE, dont l’avis est suivi à 80% par la Cour lorsqu’elle rend son arrêt, estime que la législation de l’UE sur le temps de travail (directive 2003/88) oblige les entreprises à  « instaurer un système de mesure du temps de travail journalier effectif pour les travailleurs à temps plein qui n’ont pas expressément accepté, individuellement ou collectivement, d’effectuer des heures supplémentaires » (v. conclusions et communiqué de presse).


2. États membres
Allemagne

Port du foulard : la Cour fédérale du travail a adressé, par un arrêt du 30 janvier, une question préjudicielle à la Cour de justice de l’UE, concernant une salariée d’un commerce de détail qui s’est mise à portée le foulard islamique à son retour de congé parental. La question est de savoir si un règlement intérieur qui prévoit l’interdiction du port ostensible de signes religieux ou politiques sur le lieu de travail permet toujours de justifier, au regard des directives européennes anti-discrimination, une discrimination, au nom du principe de la liberté d’entreprendre garantie par la Charte des droits fondamentaux de l’UE. Oui bien si la liberté de religion doit être protégée par la Cour de justice, la Convention européenne des droits de l’Homme et la Constitution allemande (v. communiqué).


Espagne

Protection des données personnelles : la loi organique 3/2018 du 5 décembre relative à la protection des données personnelles et à la garantie des droits numériques comprend une partie consacrée à la relation de travail qui introduit un nouvel article dans le Code du travail selon lequel les travailleurs ont le droit au respect de la vie privée en ce qui concerne les dispositifs numériques qu'ils utilisent au travail, le droit à la déconnexion et le droit à la vie privée contre l'utilisation de dispositifs de vidéosurveillance et de géolocalisation. L’exercice du droit à la déconnexion, qui vise à garantir les temps de repos et la vie privée personnelle et familiale doit être encadré par la négociation collective.
> Plus de détails dans le Flash reports on Labour Law December 2018 réalisé pour la Commission européenne (p.53).


Portugal

  • Repos hebdomadaire : la Cour suprême a rendu son jugement suite à l'arrêt de la Cour de justice du 9 novembre 2017, (aff. C-306/16, Maio Marques da Rosa; v. IR Notes 86) qui avait conclu qu’une réglementation qui ne garantit pas à un salarié « de pouvoir bénéficier d’une période minimale de repos au plus tard le septième jour qui suit les six jours consécutifs de travail » est bien conforme à la législation de l’UE. Mais, alors que la CJUE a reconnu que les États peuvent appliquer ou introduire des dispositions plus favorables aux travailleurs, la Cour suprême a considéré, de manière surprenante, que la législation portugaise devait être interprétée comme n'exigeant pas que la période minimale de repos hebdomadaire ininterrompu de 24 heures doit intervenir au plus tard le jour suivant la période de six jours ouvrables consécutifs, permettant ainsi de travailler douze jours de suite sans repos.

> Pour plus d’informations nationales : la Collective Bargaining Newsletter de janvier 2019 avec notamment une dépêche sur la première hausse du salaire minimum en Grèce, qui est passé de 586 à 650 euros (+11%) et, pour le suivi de l’actualité législative et jurisprudentielle, les Flash reports on Labour Law d’octobre, novembre et décembre 2018.


3. Entreprises
Société européenne

Transformation en SE : l’équipementier automobile français Faurecia (110000 salariés dont 45000 dans l’UE) s’est transformé en société européenne, le 26 décembre 2018, après la signature, le 22 octobre, d’un accord sur l’implication des travailleurs dans la SE (v. communiqué de presse) et d’un avenant prévoyant que le représentant britannique sera convié en tant qu’invité aux réunions du comité pendant un an à compter du jour de sortie du Royaume-Uni de l’UE.


Accords transnationaux

Droits sociaux fondamentaux : la banque française Société Générale (147000 salariés) et la fédération syndicale internationale UNI Global Union ont renouvelé, le 4 février, leur accord mondial sur les droits fondamentaux de 2015. Le nouvel accord intègre le devoir de vigilance qui s’applique aux multinationales françaises (loi du 27 mars 2017) avec un mécanisme de droit d’alerte en cas de « risques d’atteintes graves aux droits humains, aux libertés fondamentales, à la santé et à la sécurité des personnes ou à l’environnement » (v. communiqué d’UNI Global Union et de Société Générale). Par ailleurs, la banque brésilienne Banco do Brasil a renouvelé, le 31 janvier, son accord-cadre international signé avec UNI Global Union (v. communiqué d’UNI).


4. Études et rapports

  • Intelligence artificielle : la fédération syndicale européenne IndustriAll Europa a publié une étude sur l’intelligence artificielle qui recense les différentes inquiétudes légitimes des salariés.


5. Élections européennes

Dans cette rubrique, l’objectif n’est pas d’influencer votre vote aux prochaines élections européennes, mais de faire part d’initiatives visant à ouvrir un débat sur l’avenir de l’Union européenne ou de faire déjà des propositions.


> Pour ce numéro, nous mettons en avant l’initiative lancée par des universitaires européens, qui ont publié une tribune dans plusieurs quotidiens. Il ne s’agit pas d’un programme clé en main, mais de tracer quelques pistes possibles, sans remettre en cause la construction européenne ni les traités, qui n’empêchent pas de pratiquer d’autres politiques économiques et sociales que celles inspirées du modèle néolibérale. Il s’agit du manifeste « Il est encore possible de réanimer l’Union européenne » publié dans plusieurs quotidiens européens. Nous vous proposons de parcourir les versions allemande, française, anglaise, portugaise et polonaise.